Le Marion est arrivé le 15 tôt le matin. Les rotations en hélico ont commencées vers 7h, à 10h30 je partais pour Ratmanoff accompagné de chercheurs du programme 119 pour une manip sur l'étude du comportement des manchots face à l'approche d'un humain (dérangement, stress, fuite).
PAF depuis l'hélico
Si le faible niveau sonore de la colonie m'avait surpris en Février malgré le nombre impressionnant de nicheurs, en ce moment à Rat’, c'est un concert assourdissant de chants, maintenant que la plupart des poussins sont nés. Le spectacle est impressionnant, quand on part de Rat’, on a qu'une hâte, c'est d'y revenir vite.
La pointe de la colonie de Rat' avec la Cabane Guetteur.
La colonie depuis la Cabane, env. 80 000 couples nicheurs...
Un peu d'explication sur l'écologie du manchot, de manière simplifiée. Le manchot a une stratégie de reproduction très particulière. Peut-être s'agit-il du seul oiseau au monde à avoir cette stratégie: il niche 2 fois tous les 3 ans. L'année 1, il pond en début de saison ("nicheur early"), l'élevage du poussin étant long, il leur est impossible de pondre en début de saison pour l'année 2, ils pondent donc plus tard ("nicheur late") et lorsqu'ils finissent d'élever ce poussin là, il est carrément trop tard et ne nichent pas du tout l'année 3. Et l'année 4, la boucle est bouclée puisqu'il peuvent pondre en début de saison.
Un nicheur sur jeune poussin, parmi tant d'autres.
La stratégie particulière vient donc d'un élevage du poussin qui dure longtemps. D'autres espèces qui ont ce même souci de temps d'élevage long (Grand Albatros, Albatros fuligineux), ont une stratégie plus simple puisqu'ils ne nichent qu'une année sur 2, on dit qu'elles sont biennales.
Vue que tous les manchots n'ont pas le même cycle, à cette saison à Rat’, on retrouve tous les stades de la reproduction : des gros poussins déjà en crèche (rassemblement de poussins suffisamment grands pour être laissés seuls le temps que les parents sont partis pêcher), des manchots sur petits poussins et les derniers manchots encore sur oeuf.
Les premières crèches de poussins se forment dans le milieu.
Rassemblement post-nuptial des skuas de rat'
Nous avons été récupérés le 17, en hélico toujours, pour un retour sur base en début d'aprem. Si on met entre 5 et 6h à faire le transit à pied, en hélico, ça dure moins de 10 minutes....
Autour de 140 personnes étaient présentes sur base durant l'OP, ça fais bizarre de voir tant de nouvelles têtes. Mais le plus bizarre, c'est quand vient le dernier jour, ça commence par l'embarquement du chaland, on s'y attache à cette petite embarcation sans laquelle tant de manips sont impossible, la Marion a eu du mal à embarquer ses 40 tonnes mais le voila parti vers l'île Maurice pour une révision, comme tous les 5 ans. Cet hiver, les manips se limitent à la péninsule Courbet. Il y a plein de belles choses a voir.
Le Marion, pliant sous la charge des 40t du chaland
Et une fois que tout est fini, il est temps pour tout le monde de partir et ne laisser que les hivernants, soit une 50aine de personnes. Quelques aller et retour de l'hélico et 5 par 5, la base se vide petit à petit. Nous avons partagés de bons moments avec ces partants depuis notre arrivée en novembre dernier, ça fais quelque chose de les voir partir. Alexis, notre prédécesseur, a du mal à quitter Kerguelen après presque 16 mois de présence. Pour certain, on sait qu'on les retrouvera en septembre : Denis le bosco, qui revient avec son chaland, Nory, revient pour les éléph et probablement Jo, le boulanger/pâtissier, appelé "le pâteux" sur Kerguelen.
Pour nous, les choses sérieuses commencent maintenant : l'hivernage. Les conditions météo devraient se compliquer, les manips seront moins nombreuses et la vie sur base prendra plus d'intérêt. L'équipe de la 61eme mission est bonne, plein de bons présages pour un hivernage réussi.
Je pars ce lundi 21 pour un tour Courbet demain avec mon fidèle Kéké, mon pote popchat et notre gener préféré mais ceci est une autre histoire...
A bientôt,
Tom
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