lundi 28 février 2011

Mayes - Février

Le mois de février fut pour le mois de Mayes. J'y ai passé la plupart de mon temps en cette période d'éclosion. Il y avait pas mal de boulot a y faire sur les différentes colonies démographiques. Du baguage des poussins de Belcher à la restauration des piquets de Pétrels gris en passant par le tour de l'ile pour le contrôle des éclosion de chionis, pas le temps de s'ennuyer. A la tombée de la nuit, lorsque les conditions sont clémentes, c'est l'occasion de faire des captures aux filets, dans l'objectif d'attraper les plonplon, trop sensible pour être dérangés directement dans le terrier.
Si tous les instants passé à Mayes restent uniques, certains marquent d'avantage... C'était le 14 février dernier, les filets viennent d'être mis en berne, la soirée de capture est terminée. Alain, météo france, me demande de venir voir le ciel dehors. Il est 1h20 du matin, on peut voir dans le ciel, au sud, une sorte d'arc lumineux blanchâtre assez faible mais bien visible. Il me dit que c'est le début d'une aurore australe. J'ai beaucoup de mal à le croire mais je m'installe, et attends. Et il avait raison, l'arc s'intensifie. Les premières barres verticales se laissent deviner. La couleur verte apparait doucement, l'évolution est assez lente mais continue. L'arc s'épaissit encore, laissant croire à un pluie verte en pleine nuit, sauf qu'elle n'atteint pas le sol. Puis le vert n'a cessé de s'étaler pour finir par couvrir la moitié du ciel. Des ondes montant du sol avec un rythme assez rapide donnent l'impression que le ciel est vivant. Le spectacle est incroyable, on se sent si petit devant de si grand spectacle que peut nous offrir la nature. Une heure après le début, le ciel commence à s'éteindre, le vert disparait, l'impression de pluie se dissipe, il ne semble rester que quelques nuages claires devant un ciel étoilé.


J'ai pu observer une 2eme aurore à la fin du mois de février, moins impressionnante mais toujours surprenante. Le halo vert a cette fois-ci formé une spirale très basse sur l'horizon et en moins de 45 minutes tout était fini.

Le 4 mars le chaland nous emmène directement à sourcil noirs. Je ne reverrai l'ile aux oiseaux qu'en septembre...

a+
Tom

jeudi 24 février 2011

Balade aux créneaux - 24 fev

Nous sommes partis tous les 5, au levé du jour à 5h du mat. Après 2 heures on arrive au pied de la première et unique ascension du jour : le pic Delta. Puis ensuite, on a suivi la crête avec le pic Gamma, le K12 et le final : les Créneaux. La vue du haut de cette crête est impressionnante, on voit la moitié de Kerguelen. Au nord de Courbet, Le mont Campbell, au sud de Gallieni, les monts Ross, à l'ouest, le glacier Valot ou Naumann (on sait pas trop), bref un truc de fou. Vue imprenable sur le cirque et Courbet d'un coté, sur la vallée de la rivière du nord et le reste des massifs montagneux de l'autre. Que du bonheur pour les yeux.
Pique-nique sur le haut des Créneaux avec la fine équipe, de gauche à droite : Fred, chef centrale, Alain, Météo France, Fabrice, ornitho réserve naturelle et Jérome, chef géophy (on sait pas ce que c'est, mais lui non plus).
Retour par la grande cascade formé par un affluent de la rivière Château, énormissime. On peut passer derrière la cascade, c'est superbe malgré le faible débit, on y retournera cet hiver quand ça aura gonflé un peu. La cascade tombe dans une vasque dont on ne voit pas le fond et qui déborde doucement pour continuer le lit de la rivière plus loin. Vraiment joli.
Le tout sous un soleil de plomb et pas un brin de vent : manip avec un météo, c'est du soleil dans le sac à dos, dit Alain.
Arrivée a PAF a 16h après environ 9h de marche et 33 km parcouru. Je les ai pas vu passé.

Le parcours en rouge...


Rivière Morrinay

La crête vue de Delta

Rivière Cataracte

Cirque et crête vue du K12

Les créneaux de près

Rivière du nord

Lac Margot. Le gros pavé à droite est le Mosolei, au fond le mont Houker, la petite pointe c'est la Cheminée et au fond à gauche, mais on voit pas je crois, le glacier derrière la brume.

Pique nique sur le haut des créneaux avec la fine équipe, de gauche a droite Alain en rouge, météo france, Fred en vert, chef centrale, Fabrice en bleu, ornitho réserve naturelle et Jérôme en noir, chef géophy

Cascade du haut

Cascade du bas

La cascade vue de derrière !


Ensuite, retour aux choses sérieuses : je file à Mayes pour la dernière fois avant le départ du chaland pour maintenance jusqu'en septembre. J'enchaine direct à Sourcil Noir le 4 mars sans repasser par la base et puis le Marion arrivera de nouveau pour l'OP1. Puis début de l'hivernage.

A bientôt
Tom

lundi 21 février 2011

Mayes en photo - 14 au 21 fev

Vue sur le Golfe depuis Mayes-la-merveilleuse

Poussin de Pétrel à tête blanche, fraichement sorti du nid

Le poussin de Gorfou sauteur sort lui aussi de sous ses rochers

Un nid typique de Chionis, au fond d'une cavité dans les rochers du bord de mer. Sans issue de secours, il se piège tout seul dans le fond de ce grand trou, pas difficile de comprendre que le chat ait eu raison de l'oiseau sur Grande Terre.

Les monts Ross depuis les hauteurs de Mayes

L'aurore australe, pitoyable photo mais ca donne une idée du spectacle. C'était ma soirée de la saint Valentin, de 1h30 à 2h30 du mat'. C'était magique, j'en reparlerai plus tard...

Parlons un peu boulot : l'atelier est prêt, on n'attends plus que les piafs à baguer...


Les filets 1, 2 et 3 tendus devant la cabane, la photo est prise depuis la porte de la cabane, la première perche est a moins de 10 mètres. Démaillage en pantoufle, je connais un bagueur champenois qui doit m'envier, pas vrai Vincent?

Démaillage d'un Pétrel à tête blanche, port du gant souhaitable, le bec est plutôt pointu et l'oiseau assez costaud. Sans gants, pas le droit a l'erreur.


Le baguage d'un Prion de Belcher pris dans aux filets


Je prend vraiment du plaisir à fouiller les terriers couché dans l'herbe, même si l'Acenae colle de partout, je profite qu'il fasse beau, en septembre dans la neige, ca sera différent...


Jeune Prion de Belcher tout juste sorti de son trou, prêt à être bagué.


Tranquille : Un déjeuner rapide au soleil de mayes, jambon sec, pâté de faisan made in Gouëllo, fromage et Cristalline !

Dernier regard vers les majestueux autant qu'inexpugnables Monts Ross, point culminant de Ker.

dimanche 13 février 2011

Ratmanoff - 9 au 13 fév

A Ker, on ne peut jamais sortir des périmètre de la base seul. Il faut au moins être 2, voire 3, tout dépend où on va. Pour aller sur les îles avec le chaland, à 2 c'est bon. Pour Courbet, la limite nord maximum pour être 2, c'est Ratmanoff, au delà il faut être 3. Si tu te rends à Ratmanoff à 2, il faut passer par la côte, donc via la pointe Morne, ça rallonge. A 3, tu peux couper direct en travers. Ça s'explique par le fait que le tracteur peut se rendre à Ratmanoff par la côte, c'est toujours une question de sécurité et de secours.

Je pars avec popchat (=VCAT qui bosse sur la POPulation de CHAT) le 8 direction Morne. Quitte à passer par Morne, autant partir la veille pour pêcher les rivières Château et Norvégienne que l'on coupe obligatoirement (La rivière Albatros est trop petite), et dormir à Morne pour finir le transit vers Rat’ le lendemain. D'autant plus que nous avions une superbe météo le 8. Un excès de confiance nous a fait dire que nous mangerions au dîner à Morne une truite pêchée pendant le transit...bah on a mangé une conserve :-(

Le 9, comme prévu, le temps s'est gâté. Le vent souffle 3/4 face, et la pluie a fait son apparition. Qu'importe le temps, il faut qu'on s'y rende, 15 km nous sépare de Rat. Mais quand on est bien équipé, qu'on s'entend bien et qu'on marche pas comme des faignants, bah c'est même plaisant à faire comme transit… Au niveau de la cabane Estacade, on rattrape la plage pour éviter une zone de lacs et de souilles délicates. Et pendant les derniers kilomètres, on a prit assez cher quand même. Qu'importe la gore-tex, l'eau finit toujours par passer, poussée par le vent. A ce propos, je suis plutôt déçu de ma veste d'ailleurs, l’"équivalent gore tex" de chez Millet m'avait dit le vendeur. Pour le vent, pas de problème, la veste est top, je marche en tee-shirt sous la veste, c'est parfait, mais pour la pluie, elle doit être poreuse, j'étais trempé, alors que le surpantalon en gore-tex lui, m'a parfaitement protégé de la pluie. Enfin bon, Christophe avait une "vraie" gore-tex, il était trempé aussi.

A peine étions nous arrivés à Ratmanoff, que Nory et Mathieu partent pour revenir sur nos pas. Kévin, lui, ne quittent pas Ratmanoff, il doit guetter le retour de ses manchots. C'est donc un ballet incessant de manipeurs arrivant et repartant qu'il voit passer en plus de ses manchots.

On guette du lever du jour à la tombée de la nuit, c'est à dire de 4h45 à 20h15, non stop. C'est une manip lourde et contraignante, puisque Kéké, qui guette depuis le 5 février, ne quittera Rat que le 4 mars, si tous ses manchots sont rentrés... La manip est d'autant plus lourde que pendant nos jours de présence, ou Christophe et moi prenions des tours de veille pour épargner la santé de Kéké, aucun manchots n’est rentré. Mais, je sais pas pourquoi, rester assis dans une cabane en observant des oiseaux par une fenêtre avec des jumelles, ça m'a rappelé un truc...

Ça permet de regarder la manchotière sous tout ses angles, le comportement des manchots, le ballet de Pétrels géants qui se délectent chaque matin de quelques manchots boiteux sous nos yeux en attendant que les poussins grossissent, les skuas en recherche permanente de nourriture (poussins, oeufs, restes laissés par les Pétrels géant), quelques otaries qui se promènent sur la plage, le passage en vol de l'immense Grand Albatros rasant la cabane, et bien sur des manchots, des milliers de manchots plutôt comiques à regarder. Pour faire simple, et quoiqu'en pensent les spécialistes, je dirai que le Manchot royal n'est pas l'oiseau le plus intelligent du monde...
La première chose, c'est que le manchots est curieux, de tout. Si une otarie se promène sur la plage, elle aura minimum 10 manchots qui la suivent, partout, tout le temps. Si l'otarie daigne dormir tranquillement, c'est mal connaître les manchots qui vont l'encercler et juste lui mettre un petit coup de bec toutes les 2 minutes, juste pour rien, voir si elle dort. Ca énerve un petit peu les otaries, mais qu'importe les grognements, ou les charges, les manchots reviennent aussi vite qu'ils partent. Si tu fais tomber ton bonnet ou n'importe quel objet sur la plage, il n'est pas difficile de le retrouver, il suffit de cherche un rond de manchot, l'objet de leur curiosité est au milieu, ils le regardent et attendent. Les plus téméraires piquent avec le bec. Quelle vie !
Ils se déplacent souvent en file indienne, si le premier trébuche sur un caillou et se ramasse lamentablement sur la plage de sable noir, tout les autres vont faire la même derrière... ridicule.
Souvent, vu que le manchot se déplacent beaucoup sur la plage, il s'accroche la patte dans une algue, et traîne leur algue comme un boulet, on sent qu'il lutte de plus en plus à ramener le pied devant, mais ils n'ont pas idée de l'enlever. J'en ai vu un, qui a eu l'idée de se retourner, pas mal déjà, mais le fait de voir ses algues le suivre lui a fait peur et il est parti effrayé, les algues toujours coincées à la patte... pitoyable.
Je me moque un peu de ces oiseaux qui volent sous l'eau, mais le spectacle d'une telle colonie reste quand même quelques chose d'incroyable. Le niveau vocale est monté d'un cran, les poussins sont de plus en plus nombreux et les shifts des parents se raccourcissent, donc ça chante plus, et plus souvent. Autre chose de bien caractéristique de ce genre de colonie immense, c'est l'odeur tenace et puissante de la merde dans laquelle ils sont, composé essentiellement de déjections, de terre et de sable noir.
Enfin voila un peu l'ambiance Ratmanoff, On y retourne le 1er avril.

Le soir du 11, nous avons vu le Marion Dufresne passer au large de Ratmanoff, avec à son bord tout les vieux VCAT que nous n'aurons pas vu partir (sauf Alex). Le départ a été un peu précipité, manip océanographique annulé, il rentre direct à la Réunion pour rapatriement sanitaire. Un gars a fait une très mauvaise chute en vélo la veille.

Arrivée d'Alexis et Vincent (garagiste) le 12 au soir, et départ de Christophe et moi même le lendemain très tôt. On a fait le transit en une fois via Morne, en coupant les pointes, le principal étant de ne pas trop s'éloigner du chemin de tracteur.
A notre retour sur base, on a juste pu constater qu'il manquait du monde, ça s'est bien vidé. On a pas pu dire au revoir à tout le monde. L'ambiance était encore un peu morose, l'émotion du départ des vieux VCAT était forte et a marqué beaucoup de monde. C'est qu'à y rester un an sur ce bout de caillou, on s'y attache.

Pour nous, il fallait préparer les affaires, nous prenions le chaland le lendemain matin, Christophe pour Port Jeanne D'Arc (=PJDA, prononcer péjida) et moi pour la plus belle île du Golfe…

A bientôt,
Tom

lundi 7 février 2011

Mayes - 4 au 7 fév

Après avoir retardé le départ pour Mayes d'une journée à cause d'une panne moteur du chaland, me voila rentré avec 3 jours d'avance pour aller prêter main forte à Kévin à Ratmanoff parce qu'il ne trouve pas de manipeurs.

L'Ile Penn depuis le chaland

L'Ile Australia côté Mayes, depuis le chaland

Ce séjour a Mayes fut donc très court. En compagnie de Chritophe (VCAT popchat) et Jenifer (éléphant et otarie pour Chizé), nous avons eu le temps de baguer les poussins de Pétrels bleus avant qu'il ne s'envolent et de finir le baguage des poussins de skua.
Pas facile de changer d'hémisphère, un petit point sur ou en sont les oiseaux en ce début février à Kerguelen :
- les Océanite de Wilson et à ventre noir couvent leur oeuf,
- les Pétrels à tête blanche et les Prions de la désolation éclosent,
- les poussins de Prions de Belcher sont des grosses boules de duvet gris avec les premières pousses de plumes,
- les poussins de plonplon sont des balles de tennis blanc-gris tout duveteux (photo ci-dessous, dans les main d'un popchat),

- les poussins de Pétrels à menton blanc grandissent,
- les premiers poussins de Pétrels bleus s'envolent,
- les derniers poussins de skua et de goéland finissent de s'envoler.

Et enfin les pétrels gris, reproducteurs hivernaux, commencent juste à être observés le soir. D'ailleurs, quel bonheur de pouvoir les voir voler au dessus de la cabane de Mayes, encore une nouvelle espèce que je découvre : gracieux, agiles et fuselés à la fois.

Coté manchot, les poussins papous sont devenus comparables aux adultes, les macaronis sont de gros poussins bien avancés, les sauteurs (photo ci-dessous sous son rocher) des grosses bouteilles d'orangina et les royaux en éclosion pour les plus tardif. Voila une idée d'ou on en est, il faut rajouter à cela une certaine asynchronie : certains Pétrels bleus de l'Ile Verte n'était encore que des boules de duvet alors que d'autres volent déjà depuis quelques jours...


Un petit tour à la tombée de la nuit noire hier soir pour tenter de trouver des poussins de Pétrels bleus et on retrouve un autre visage à l’Ile Mayes. La journée, les skuas sont les maîtres, omniprésent et, avec l'Albatros fuligineux à dos clair, les 2 seuls cris audible en journée au centre de l'île. La nuit on a des Pétrels bleus en permanence en vol autour de nous, des cris de Pétrels à tête blanche qui tombent du ciel mais ils se font rarement voir puisqu'ils volent trop haut, des Plonplon qui passent à toute vitesse dans la frontale, quelques cris d'Océanites de Wilson viennent compléter le tableau. Dans un versant envahi de graminées introduites, on tourne la tête et la, à 2 mètres, un pétrel à tête blanche est devant son trou, magnifique, peut être profite-t-il lui aussi de ce spectacle que nous offraient les pétrels bleus qui assurent les derniers nourrissage de leur poussin bientôt à l'envol. On retrouve les skuas, posés au sol, semblant totalement incapable de se déplacer dans l'obscurité, ils attendent patiemment qu'un pétrel se pose à proximité pour le manger ou l'apporter à son ou ses poussin(s). Ambiance magique, ambiance Mayes.

Départ pour Ratmanoff demain avec un passage à l'embouchure de la rivière Château à la marée haute : les truites de mer sont là !!

A bientôt
Tom

jeudi 3 février 2011

Rat' et houle...

Nous sommes partis dimanche midi vers Ratmanoff. Le transit peut se faire via la côte en passant par la pointe Morne (8 à 9 heures de marche) ou directement en travers où il n'y a rien et où c'est chiant en 5 heures. Nous sommes passés en travers : Pierrick, Alexis, Kéké, Yannis (le bibou) et moi.


Le transit commence après 20 minutes de marche par la traversée de la Rivière Château. Si les niveaux d'eau sont extrêmement bas en ce moment, il a bien plu ce matin là, la rivière est bien gonflée, on remplit les bottes aussitôt. La traversée des Rivière Norvégienne et Albatros sont faciles, ce sont de petites rivières.
On file direct sur Estacade puis on remonte sur Ratmanoff pour que je puisse découvrir de la meilleure des façons l'immense colonie de Manchots royaux de Ratmanoff.
Entre PAF et Estacade, c'est plat, et il y a rien d'autres que des souilles et des lacs qui nous empêchent de faire une ligne droite, un rare Skua de temps en temps, des Canards d'Eaton et quelques malheureux Goélands.
Arrivée à Estacade (après 5h de marche), on voit les premiers Manchots royaux, et ce qu'il reste des colonies de Manchots papou. Quelques éléphants finissent de muer, quelques otaries trainent par ci par là. On marche sur la plage, plein nord direction Ratmanoff. Le soir arrivant, la température se rafraichit (on avait 16° à notre départ !!), la lumière basse du soleil du soir donne des perspectives superbes sur les rouleaux qui déferlent sur la plage de sable noir. C'est à ce moment là qu'une petite Océanite de Wilson vient nous passer à coté frôlant la cime des vagues, ça reste décidément un des oiseaux qui me fait le plus rêver ici. Les Manchots royaux sont de plus en plus nombreux, et se dirigent pour la plupart dans la même direction que nous : la colonie de Ratmanoff. Les manchots arrivent souvent sur la plage assez loin de la colonie et ce sont des files de manchots qui marche tranquillement sur la plage, alors qu'en 2 coups d'ailerons dans l'eau ils seraient arrivés. A croire qu'ils ont le temps, ils se promènent.
Il y a 45 minutes de marche entre Estacade et la Cabane Guetteur de Ratmanoff, et les effectifs de manchots ne cessent d'augmenter. Puis on finit par apercevoir la cabane, rouge pétant, perchée en haut de la plage. On monte vers la cabane et on découvre doucement la colonie qui apparait derrière, la plage disparait, d'un seul coup à 80m de la cabane pour laisser place à une mer de manchots. La colonie est énoooorme, gigantesque, ça parait improbable ! Des milliers, des dizaines de milliers de manchots sont la, sur œuf ou sur poussin, côte à côte étalés sur 2 ou 3 km de plage. Il parait qu'il y en a entre 80 000 et 100 000 couples nicheurs. Après cette petite promenade depuis PAF, on s'assoit sur le marchepied, et on regarde devant soi, bouche bée. Impressionné. On se sent tout petit devant l'immensité de la colonie. Même Pierrick et Alexis, qui ont vus la colonie plus de 10 fois, restent émerveillés de la redécouvrir encore.
Durant les 2 jours suivant nous avons équipés les manchots de différents instruments. Kevin n'a plus qu'à attendre qu'il reviennent pour les déséquiper, puis en rééquiper d'autres, puis les attendre, les déséquiper, ce qui le fera rentrer le 3 mars à PAF.
Il n'est pas difficile de les attraper, c'est pas très rapide sur terre, mais par contre, ce qui surprend, c'est la puissance qu'ils ont dans les ailerons. Il vaut mieux éviter de se prendre un coup sur les doigts, ca pourrait faire très mal. Le bec est assez pointu mais il ne cherchent pas à mordre, et c'est tant mieux.

Après un petit coup de pêche infructueux à la Rivière Manchot à cause des niveaux d'eau trop faible, retour sur PAF le mercredi 2 via Morne, c'est vrai que le transit est plus sympa, plus agréable, même si plus long.
Le soir c'est la soirée de départ de la Curieuse, les membres de l'équipage sont descendus, bonne soirée à totoch [NdT: le bar de PAF], coucher tard, lever très difficile à 7h40 pour prendre le chaland à 7h45 direction Mayes.
Météo annoncée : 45 nœuds [~83km/h] de vent avec des rafales a 60 nœuds [~111km/h]. Départ à l'heure prévue. Après 10 minutes de navigation, surchauffe du moteur bâbord, il ne nous reste plus que tribord. Le vent se lève, nous avons un grand tour à faire (départ à 8h00, dépose à Mayes à 14h50), ça parait compliqué. Après 30 ou 40 minutes, Denis , le bosco, décide de faire demi-tour. Le Golfe se forme, le vent souffle à 45 nœuds quelques rafales à plus de 55. Difficile de manœuvrer le chaland avec un seul moteur, les trous de 2 mètres empêchent de revenir droit au port, nous sommes obligés d'aller longer la côte pour pouvoir rentrer. Le chaland lutte difficilement à 3 nœuds dans les vagues et le vent. Ça brasse pas mal, mais on finit par rentrer.
Le chaland a été réparé dans l'après-midi par Gilles, le mécano chaland. Merci Gillou. Départ pour Mayes demain à 8h00.

La Curieuse annonce son départ vers 16h, on se rend à la cale pour dire au revoir à Ismael (thésard sur les manchots) et Jean-Louis Chapuis (un chercheur du muséum). Quelques allers et venus du zodiac, je traine par là et hop, je trouve une place et me voila parti sur le zodiac direction la Curieuse !! Quel pied! Je suis trop content d'avoir pu découvrir ce bateau mythique des Kerguelen, j'ai eu droit à une visite express, on partage un dernier verre de vin avec les membres de l'équipage (du Chinon plutôt bon). On a trainé une petite heure sur le bateau, c'est vraiment quelque chose qui m'a fait plaisir d'avoir passé du temps sur ce bateau. Et nous voila parti, on laisse la Cucu partir, un dernier au revoir depuis Notre-Dame des Vents avec des fusées de détresse et à l'année prochaine la Cucu !

A bientôt
Tom