dimanche 13 février 2011

Ratmanoff - 9 au 13 fév

A Ker, on ne peut jamais sortir des périmètre de la base seul. Il faut au moins être 2, voire 3, tout dépend où on va. Pour aller sur les îles avec le chaland, à 2 c'est bon. Pour Courbet, la limite nord maximum pour être 2, c'est Ratmanoff, au delà il faut être 3. Si tu te rends à Ratmanoff à 2, il faut passer par la côte, donc via la pointe Morne, ça rallonge. A 3, tu peux couper direct en travers. Ça s'explique par le fait que le tracteur peut se rendre à Ratmanoff par la côte, c'est toujours une question de sécurité et de secours.

Je pars avec popchat (=VCAT qui bosse sur la POPulation de CHAT) le 8 direction Morne. Quitte à passer par Morne, autant partir la veille pour pêcher les rivières Château et Norvégienne que l'on coupe obligatoirement (La rivière Albatros est trop petite), et dormir à Morne pour finir le transit vers Rat’ le lendemain. D'autant plus que nous avions une superbe météo le 8. Un excès de confiance nous a fait dire que nous mangerions au dîner à Morne une truite pêchée pendant le transit...bah on a mangé une conserve :-(

Le 9, comme prévu, le temps s'est gâté. Le vent souffle 3/4 face, et la pluie a fait son apparition. Qu'importe le temps, il faut qu'on s'y rende, 15 km nous sépare de Rat. Mais quand on est bien équipé, qu'on s'entend bien et qu'on marche pas comme des faignants, bah c'est même plaisant à faire comme transit… Au niveau de la cabane Estacade, on rattrape la plage pour éviter une zone de lacs et de souilles délicates. Et pendant les derniers kilomètres, on a prit assez cher quand même. Qu'importe la gore-tex, l'eau finit toujours par passer, poussée par le vent. A ce propos, je suis plutôt déçu de ma veste d'ailleurs, l’"équivalent gore tex" de chez Millet m'avait dit le vendeur. Pour le vent, pas de problème, la veste est top, je marche en tee-shirt sous la veste, c'est parfait, mais pour la pluie, elle doit être poreuse, j'étais trempé, alors que le surpantalon en gore-tex lui, m'a parfaitement protégé de la pluie. Enfin bon, Christophe avait une "vraie" gore-tex, il était trempé aussi.

A peine étions nous arrivés à Ratmanoff, que Nory et Mathieu partent pour revenir sur nos pas. Kévin, lui, ne quittent pas Ratmanoff, il doit guetter le retour de ses manchots. C'est donc un ballet incessant de manipeurs arrivant et repartant qu'il voit passer en plus de ses manchots.

On guette du lever du jour à la tombée de la nuit, c'est à dire de 4h45 à 20h15, non stop. C'est une manip lourde et contraignante, puisque Kéké, qui guette depuis le 5 février, ne quittera Rat que le 4 mars, si tous ses manchots sont rentrés... La manip est d'autant plus lourde que pendant nos jours de présence, ou Christophe et moi prenions des tours de veille pour épargner la santé de Kéké, aucun manchots n’est rentré. Mais, je sais pas pourquoi, rester assis dans une cabane en observant des oiseaux par une fenêtre avec des jumelles, ça m'a rappelé un truc...

Ça permet de regarder la manchotière sous tout ses angles, le comportement des manchots, le ballet de Pétrels géants qui se délectent chaque matin de quelques manchots boiteux sous nos yeux en attendant que les poussins grossissent, les skuas en recherche permanente de nourriture (poussins, oeufs, restes laissés par les Pétrels géant), quelques otaries qui se promènent sur la plage, le passage en vol de l'immense Grand Albatros rasant la cabane, et bien sur des manchots, des milliers de manchots plutôt comiques à regarder. Pour faire simple, et quoiqu'en pensent les spécialistes, je dirai que le Manchot royal n'est pas l'oiseau le plus intelligent du monde...
La première chose, c'est que le manchots est curieux, de tout. Si une otarie se promène sur la plage, elle aura minimum 10 manchots qui la suivent, partout, tout le temps. Si l'otarie daigne dormir tranquillement, c'est mal connaître les manchots qui vont l'encercler et juste lui mettre un petit coup de bec toutes les 2 minutes, juste pour rien, voir si elle dort. Ca énerve un petit peu les otaries, mais qu'importe les grognements, ou les charges, les manchots reviennent aussi vite qu'ils partent. Si tu fais tomber ton bonnet ou n'importe quel objet sur la plage, il n'est pas difficile de le retrouver, il suffit de cherche un rond de manchot, l'objet de leur curiosité est au milieu, ils le regardent et attendent. Les plus téméraires piquent avec le bec. Quelle vie !
Ils se déplacent souvent en file indienne, si le premier trébuche sur un caillou et se ramasse lamentablement sur la plage de sable noir, tout les autres vont faire la même derrière... ridicule.
Souvent, vu que le manchot se déplacent beaucoup sur la plage, il s'accroche la patte dans une algue, et traîne leur algue comme un boulet, on sent qu'il lutte de plus en plus à ramener le pied devant, mais ils n'ont pas idée de l'enlever. J'en ai vu un, qui a eu l'idée de se retourner, pas mal déjà, mais le fait de voir ses algues le suivre lui a fait peur et il est parti effrayé, les algues toujours coincées à la patte... pitoyable.
Je me moque un peu de ces oiseaux qui volent sous l'eau, mais le spectacle d'une telle colonie reste quand même quelques chose d'incroyable. Le niveau vocale est monté d'un cran, les poussins sont de plus en plus nombreux et les shifts des parents se raccourcissent, donc ça chante plus, et plus souvent. Autre chose de bien caractéristique de ce genre de colonie immense, c'est l'odeur tenace et puissante de la merde dans laquelle ils sont, composé essentiellement de déjections, de terre et de sable noir.
Enfin voila un peu l'ambiance Ratmanoff, On y retourne le 1er avril.

Le soir du 11, nous avons vu le Marion Dufresne passer au large de Ratmanoff, avec à son bord tout les vieux VCAT que nous n'aurons pas vu partir (sauf Alex). Le départ a été un peu précipité, manip océanographique annulé, il rentre direct à la Réunion pour rapatriement sanitaire. Un gars a fait une très mauvaise chute en vélo la veille.

Arrivée d'Alexis et Vincent (garagiste) le 12 au soir, et départ de Christophe et moi même le lendemain très tôt. On a fait le transit en une fois via Morne, en coupant les pointes, le principal étant de ne pas trop s'éloigner du chemin de tracteur.
A notre retour sur base, on a juste pu constater qu'il manquait du monde, ça s'est bien vidé. On a pas pu dire au revoir à tout le monde. L'ambiance était encore un peu morose, l'émotion du départ des vieux VCAT était forte et a marqué beaucoup de monde. C'est qu'à y rester un an sur ce bout de caillou, on s'y attache.

Pour nous, il fallait préparer les affaires, nous prenions le chaland le lendemain matin, Christophe pour Port Jeanne D'Arc (=PJDA, prononcer péjida) et moi pour la plus belle île du Golfe…

A bientôt,
Tom

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