Petite manip à Pointe Suzanne avec Pierrick pour le baguage des poussins de cormorans. Nous avons bagués à tour de bras l'aprem du 26 et toute la journée du 27 en profitant de la météo superbe. Le soleil était ardent, on en voit encore les traces sur nos visages rougis. Et malgré cela, nous n'avons pas pu tous les baguer avant l'arrivée de la pluie ce matin, qui a rendu la fin de la manip impossible. Nous avons tout de même bagué et darviqué [NdT :posé des bagues Darvik en plastique] plus de 100 oiseaux.
Quelle bonheur de retourner à Pointe Suzanne, assis au dessus des colonies de cormorans, face a l'immensité bleu. Il y a parfois plus de 300 individus dans une seule colonie, ils sont devant nous, surveillant ou nourrissant leur poussin. On ne bague que les poussins accessibles, ce qui représente une infime partie par rapport à la totalité. La plupart sont à flan de falaise, trop difficile d'accès pour nous ou bien trop dangereux de les déranger, s'ils quittaient le nid il chuteraient mortellement sur les rochers en contre-bas ou dans l'océan.
Les otaries sont toujours là, les pups ont bien grossis, on voit que les mâles commencent à être faibles, ils ne se sont toujours pas nourris depuis que les femelles ont mis bas il y a plus d'un mois.
Chez les éléphants, la saison de mue continue, un gros mâle était présent sur la plage, plus d'une tonne, c'est sur...
Les poussins de Manchot papou qui ont échappés au Pétrel géant sont maintenant quasiment emplumés, mais les parents continuent de les nourrir. Et pour avoir vu un nourrissage, c'est impressionnant la quantité qu'ils régurgitent !
Les grands albatros sont plus nombreux, certains longent la cote, passant tous près : l'envergure de ce piaf reste quelque chose d'inimaginable, même quand on le voit ! Nous avons d'ailleurs fait quelques lectures de bagues.
Transit retour sous une météo capricieuse, type bretonne, crachin, un peu de vent. Temps de merde breton quoi.
A bientôt,
Tom
vendredi 28 janvier 2011
mercredi 26 janvier 2011
Mayes - 17 au 24 janvier
Mayes, de mieux en mieux
De nouveau une manip à Mayes avec Pierrick, sous un soleil radieux permanent.
Un petit point sur les manips. Nous commencons le séjour par un passage sur les terriers de Prion de Belcher pour un contrôle des éclosions. Les poussins de Belcher, c'est comme les poussins de Pétrel bleu, plus petit, avec un bec bicolore bleu et noir. Alors que le bec du Pétrel bleu est noir. Pour faire simple, le bec du Belcher est bleu et noir, et le bec du Bleu est noir, sans bleu, hum... tout le monde suit ?
Les jours suivants, encore un passage poussin de Skua pour baguer ceux qui sont arrivés à la bonne taille et contrôler la croissance, voir l'éclosion, des autres.
Ensuite, un tour deMayes : le but de la manip est de compter les colonies de gorfous sauteurs, Cormorans de Kerguelen et localiser les nids de Chionis tout autour de l'ile. Les Gorfous sauteurs sont des minis manchots superbe et plutôt calme. Un vrai bonheur à observer. Les Chionis, ce sont des oiseaux un peu particulier. De la famille des limicoles, on l'appelle également le "pougeon", mélange entre poulet et pigeon. Mais avec ses pattes et ses ailes de poulet, il reste super agile. Il a un plumage blanc immaculé, et pourtant il se nourrit de crotte. On le retrouve dans les colonies de gorfous parce qu'il bouffe leurs merdes. A défaut de merde, il peut bouffer tout ce qu'il trouve : moules, cadavres de pétrels, copépodes,... étonnant comme régime alimentaire. Et je vous laisse imaginer à quoi ressemble la merde de pougeon, c'est de la merde redigérée, c'est vraiment particulier sous tout les points : odeur, couleur ou encore consistance....
Enfin, le baguage des poussins de la colonie de Pétrels géants de Mayes. Manip plutôt courte puisqu'il n'y avait qu'un seul poussin à baguer, en pleine régression, la colonie se résume à 2 couples actuellement dont 1 en échec. Très bel oiseau que le Pétrel géant, plus proche des albatros que des pétrels par la taille. Il a le bec le plus impressionnant des oiseaux de Kerguelen.
Voila en ce qui concerne la partie "boulot". Mais cette session avait quelques chose de particulier. En plus du bonheur que je prend a travailler sur ces oiseaux magnifiques, le soleil a permis de bien se rendre compte qu'on est aussi dans un milieu incroyable. J'ai découvert l'autre bout de l'ile Mayes, moins escarpé, plus préservé des plantes introduites, avec une belle vue sur la magnifique île Australia, dont je garde un excellent souvenir.
Imaginez : 13h00, ciel bleu, soleil. Un petit vent nous permet de supporter l'écrasante chaleur du soleil kerguelenien, particulièrement agressif en UV. En tee shirt, Pierrick et moi sommes assis sur les rochers a proximité d'un nid de Chionis qui surveille nos moindres faits et gestes, au dessus d'une colonie de Gorfous sauteurs. Ils sont actuellement sur poussin, dont on peut entendre les piaillements lorsqu'il quémande la nourriture à l'adulte le couvant. Un gorfou passe devant nous, encore tout mouillé. Il arrive probablement d'un long voyage, plein de nourriture pour nourrir son poussin. Un petit tour dans les rochers, quelques cris et ils trouvent son partenaire sur le poussin. En quelques minutes, après les habituels papouilles et câlins du shift, on lui laisse la place. Le poussin a bien compris et quémande tout ce qu'il peut jusqu'à obtenir gain de cause et se faire une ventrée de nourriture prédigérée. Magique !
Si on lève les yeux, derrière Australia, on voit les monts Ross, paraissant tellement proche, blanc de neige. On peut imaginer les conditions climatiques de fou qui doit y avoir la haut, simplement en voyant la taille des congères le long des pitons rocheux lorsqu'on les regarde à la jumelle. Certains nuages viennent s'écraser sur les hauteurs et retombent sur le versant nord comme s'il était liquide, coulant vers le cratère.
Le soir, nous rentions à la cabane, la tête pleine d'images magnifiques d'une journée bien remplie. Et lorsque nous arrivons à la cabane le soir tombant, les Océanites de Wilson tournent autour de nous comme des chauve-souris. Difficile d'imaginer ce frêle oiseau affronter les terribles tempêtes des 50eme hurlants. C'est à la nuit tombée qu'on peut les entendre chanter depuis les terriers pendant que les habituels cris de Pétrel à tête blanche tombent du ciel. Un soir, j'entends un souffle : quelques Dauphins de Commerson viennent nous rendre visite en longeant le banc de Macrosystis [NdT: algues brunes] dans un Golfe sans vagues.
Le matin, au réveil, le soleil est toujours présent, le Golfe lisse comme un miroir. On peut voir le reflet de l'ile Penn comme rarement on le voit. On sort la table dehors pour prendre le petit dej torse nu. Un bruit de moteur ? C'est la curieuse, bateau emblématique de Kerguelen, qui vient passer le long des cotes de Mayes.
Les derniers jours furent l'occasion de partager la cabane avec les écobios, qui , pour faire simple, étudient tout ce qui est vivant, sauf les oiseaux. Que de bons moments passés en leur compagnie durant les soirées de ce beau mois de Janvier.
Difficile de quitter cette ile, si je lui dis au revoir, Pierrick lui dit adieu.
Retour sur le chaland sur ce Golfe toujours aussi plat, le soleil au zénith nous permet d'observer les fonds a moins de 10mètres de profondeur. Durant la traversée d'un banc d'algues a proximité de l'ile Cimetière, nous pouvons observer des milliers de petites méduses donnant l'impression d'une nuit étoilée dans le fond du Golfe. Cette session se termine par l'observation d'un Albatros à tête grise posé dans le Golfe, sans savoir ce qu'il fait réellement là. Peut-être profite-t-il lui aussi de la majestueuse beauté de ce Golfe du Morbihan.
Voila, il reste tellement difficile de retranscrire par des mots toutes ces choses là. Des photos suivront, plus tard.
Aujourd'hui, journée sur base, ce fut l'occasion d'aller pêcher l'embouchure de la rivière Château, évidemment toujours en tee shirt, toujours sous le soleil. C'est plus un repérage avant la remontée de Truite de mer dans 1 mois. J'ai attrapé pas mal de fario mais de petite taille. Demain matin, départ pour Pointe Suzanne pour le baguage des poussins de Cormorans. Météo annoncée : ciel bleu et soleil.
A bientôt,
Tom
De nouveau une manip à Mayes avec Pierrick, sous un soleil radieux permanent.
Un petit point sur les manips. Nous commencons le séjour par un passage sur les terriers de Prion de Belcher pour un contrôle des éclosions. Les poussins de Belcher, c'est comme les poussins de Pétrel bleu, plus petit, avec un bec bicolore bleu et noir. Alors que le bec du Pétrel bleu est noir. Pour faire simple, le bec du Belcher est bleu et noir, et le bec du Bleu est noir, sans bleu, hum... tout le monde suit ?
Les jours suivants, encore un passage poussin de Skua pour baguer ceux qui sont arrivés à la bonne taille et contrôler la croissance, voir l'éclosion, des autres.
Ensuite, un tour deMayes : le but de la manip est de compter les colonies de gorfous sauteurs, Cormorans de Kerguelen et localiser les nids de Chionis tout autour de l'ile. Les Gorfous sauteurs sont des minis manchots superbe et plutôt calme. Un vrai bonheur à observer. Les Chionis, ce sont des oiseaux un peu particulier. De la famille des limicoles, on l'appelle également le "pougeon", mélange entre poulet et pigeon. Mais avec ses pattes et ses ailes de poulet, il reste super agile. Il a un plumage blanc immaculé, et pourtant il se nourrit de crotte. On le retrouve dans les colonies de gorfous parce qu'il bouffe leurs merdes. A défaut de merde, il peut bouffer tout ce qu'il trouve : moules, cadavres de pétrels, copépodes,... étonnant comme régime alimentaire. Et je vous laisse imaginer à quoi ressemble la merde de pougeon, c'est de la merde redigérée, c'est vraiment particulier sous tout les points : odeur, couleur ou encore consistance....
Enfin, le baguage des poussins de la colonie de Pétrels géants de Mayes. Manip plutôt courte puisqu'il n'y avait qu'un seul poussin à baguer, en pleine régression, la colonie se résume à 2 couples actuellement dont 1 en échec. Très bel oiseau que le Pétrel géant, plus proche des albatros que des pétrels par la taille. Il a le bec le plus impressionnant des oiseaux de Kerguelen.
Voila en ce qui concerne la partie "boulot". Mais cette session avait quelques chose de particulier. En plus du bonheur que je prend a travailler sur ces oiseaux magnifiques, le soleil a permis de bien se rendre compte qu'on est aussi dans un milieu incroyable. J'ai découvert l'autre bout de l'ile Mayes, moins escarpé, plus préservé des plantes introduites, avec une belle vue sur la magnifique île Australia, dont je garde un excellent souvenir.
Imaginez : 13h00, ciel bleu, soleil. Un petit vent nous permet de supporter l'écrasante chaleur du soleil kerguelenien, particulièrement agressif en UV. En tee shirt, Pierrick et moi sommes assis sur les rochers a proximité d'un nid de Chionis qui surveille nos moindres faits et gestes, au dessus d'une colonie de Gorfous sauteurs. Ils sont actuellement sur poussin, dont on peut entendre les piaillements lorsqu'il quémande la nourriture à l'adulte le couvant. Un gorfou passe devant nous, encore tout mouillé. Il arrive probablement d'un long voyage, plein de nourriture pour nourrir son poussin. Un petit tour dans les rochers, quelques cris et ils trouvent son partenaire sur le poussin. En quelques minutes, après les habituels papouilles et câlins du shift, on lui laisse la place. Le poussin a bien compris et quémande tout ce qu'il peut jusqu'à obtenir gain de cause et se faire une ventrée de nourriture prédigérée. Magique !
Si on lève les yeux, derrière Australia, on voit les monts Ross, paraissant tellement proche, blanc de neige. On peut imaginer les conditions climatiques de fou qui doit y avoir la haut, simplement en voyant la taille des congères le long des pitons rocheux lorsqu'on les regarde à la jumelle. Certains nuages viennent s'écraser sur les hauteurs et retombent sur le versant nord comme s'il était liquide, coulant vers le cratère.
Le soir, nous rentions à la cabane, la tête pleine d'images magnifiques d'une journée bien remplie. Et lorsque nous arrivons à la cabane le soir tombant, les Océanites de Wilson tournent autour de nous comme des chauve-souris. Difficile d'imaginer ce frêle oiseau affronter les terribles tempêtes des 50eme hurlants. C'est à la nuit tombée qu'on peut les entendre chanter depuis les terriers pendant que les habituels cris de Pétrel à tête blanche tombent du ciel. Un soir, j'entends un souffle : quelques Dauphins de Commerson viennent nous rendre visite en longeant le banc de Macrosystis [NdT: algues brunes] dans un Golfe sans vagues.
Le matin, au réveil, le soleil est toujours présent, le Golfe lisse comme un miroir. On peut voir le reflet de l'ile Penn comme rarement on le voit. On sort la table dehors pour prendre le petit dej torse nu. Un bruit de moteur ? C'est la curieuse, bateau emblématique de Kerguelen, qui vient passer le long des cotes de Mayes.
Les derniers jours furent l'occasion de partager la cabane avec les écobios, qui , pour faire simple, étudient tout ce qui est vivant, sauf les oiseaux. Que de bons moments passés en leur compagnie durant les soirées de ce beau mois de Janvier.
Difficile de quitter cette ile, si je lui dis au revoir, Pierrick lui dit adieu.
Retour sur le chaland sur ce Golfe toujours aussi plat, le soleil au zénith nous permet d'observer les fonds a moins de 10mètres de profondeur. Durant la traversée d'un banc d'algues a proximité de l'ile Cimetière, nous pouvons observer des milliers de petites méduses donnant l'impression d'une nuit étoilée dans le fond du Golfe. Cette session se termine par l'observation d'un Albatros à tête grise posé dans le Golfe, sans savoir ce qu'il fait réellement là. Peut-être profite-t-il lui aussi de la majestueuse beauté de ce Golfe du Morbihan.
Voila, il reste tellement difficile de retranscrire par des mots toutes ces choses là. Des photos suivront, plus tard.
Aujourd'hui, journée sur base, ce fut l'occasion d'aller pêcher l'embouchure de la rivière Château, évidemment toujours en tee shirt, toujours sous le soleil. C'est plus un repérage avant la remontée de Truite de mer dans 1 mois. J'ai attrapé pas mal de fario mais de petite taille. Demain matin, départ pour Pointe Suzanne pour le baguage des poussins de Cormorans. Météo annoncée : ciel bleu et soleil.
A bientôt,
Tom
mardi 25 janvier 2011
Photos des manips à Mayes
[10-13 janvier]
Manip sur les poussins de Skua :
On pose la bague...
on pèse...
on mesure le tarse...
... l'aile...
...et le bec
Maman Skua 1 - Kéké 0
Manip sur les Pétrels à tête blanche au nid :
D'abord on fouille au fond du terrier
...plus profond...
puis on trouve et on sort délicatement...
et on pose la bague.
Manip sur les poussins de Skua :
On pose la bague...
on pèse...
on mesure le tarse...
... l'aile...
...et le bec
Maman Skua 1 - Kéké 0
Manip sur les Pétrels à tête blanche au nid :
D'abord on fouille au fond du terrier
...plus profond...
puis on trouve et on sort délicatement...
et on pose la bague.
Photos de la Pointe Suzanne
[05-09 janvier]
Et non, ce n'est pas un photo montage, un Grand Albatros (GA), c'est vraiment énorme, ca parait improbable tellement c'est gros. On se sent tellement petit a côté de ce piaf, il est probablement plus vieux que moi cet oiseau là, peut être a-t-il 50 ou 60 ans, il a surement fait plusieurs fois le tour du monde. Respect. Fort en émotion cette première rencontre avec le plus grand oiseau du monde (en envergure).
Une des colonies de Pointe Suzanne suivies par le programme 394. Là, on les a comptés, on y retourne fin janvier pour baguer les poussins puis plusieurs passages cet hiver pour contrôler les bagues. Kéké et moi avons aussi équipé 4 oiseaux d'enregistreurs de profondeur de plongée et de température.
Le roc : Encore une colonie du 394, quasiment située à la pointe de la Pointe Suzanne, derrière, l'immensité de l'Océan Indien s'étend jusqu'à l'Australie.
Pointe Suzanne : Un peu de hauteur pour voir ce superbe site qui fait le bonheur des otaries par ces étendues de Cotula plumosa.
Un pup : le petit de l'otarie. A la vue de cette charmante petite bête, les filles ont l'habitude de dire "ooooh c'est trop mignon". Bah oui, en effet, c'est trop mignon !!!
Famille otarie: Notez le dimorphisme marqué entre le mâle (à droite) et la femelle (au milieu). Mais, à coté, c'est un petit pup..oooooh c'est trop mignon !! Les pups regardent souvent derrière en penchant la tête comme sur la photo, c'est rigolo comme comportement. Ils voient la vie à l'envers, mais ça n'a pas l'air de les déranger.
Et non, ce n'est pas un photo montage, un Grand Albatros (GA), c'est vraiment énorme, ca parait improbable tellement c'est gros. On se sent tellement petit a côté de ce piaf, il est probablement plus vieux que moi cet oiseau là, peut être a-t-il 50 ou 60 ans, il a surement fait plusieurs fois le tour du monde. Respect. Fort en émotion cette première rencontre avec le plus grand oiseau du monde (en envergure).
Une des colonies de Pointe Suzanne suivies par le programme 394. Là, on les a comptés, on y retourne fin janvier pour baguer les poussins puis plusieurs passages cet hiver pour contrôler les bagues. Kéké et moi avons aussi équipé 4 oiseaux d'enregistreurs de profondeur de plongée et de température.
Le roc : Encore une colonie du 394, quasiment située à la pointe de la Pointe Suzanne, derrière, l'immensité de l'Océan Indien s'étend jusqu'à l'Australie.
Pointe Suzanne : Un peu de hauteur pour voir ce superbe site qui fait le bonheur des otaries par ces étendues de Cotula plumosa.
Un pup : le petit de l'otarie. A la vue de cette charmante petite bête, les filles ont l'habitude de dire "ooooh c'est trop mignon". Bah oui, en effet, c'est trop mignon !!!
Famille otarie: Notez le dimorphisme marqué entre le mâle (à droite) et la femelle (au milieu). Mais, à coté, c'est un petit pup..oooooh c'est trop mignon !! Les pups regardent souvent derrière en penchant la tête comme sur la photo, c'est rigolo comme comportement. Ils voient la vie à l'envers, mais ça n'a pas l'air de les déranger.
lundi 17 janvier 2011
Photos de Sourcil noir
Sur le chaland
Le Halage des naufragés, qui est le lieu de dépose
La colonie d'Albatros à sourcil noir et Gorfou macaroni
ça fait du monde à compter, on s'y perd...
Au milieu de la colonie
L'arbre à cordes
Tom au paradis !
La colonie vue d'en bas
Noël en cabane : Champagne !
La vertigineuse et bien nommée baie de l'"A-pic"
Même pas peur !
Le Halage des naufragés, qui est le lieu de dépose
La colonie d'Albatros à sourcil noir et Gorfou macaroni
ça fait du monde à compter, on s'y perd...
Au milieu de la colonie
L'arbre à cordes
Tom au paradis !
La colonie vue d'en bas
Noël en cabane : Champagne !
La vertigineuse et bien nommée baie de l'"A-pic"
Même pas peur !
jeudi 13 janvier 2011
Mayes – 10 au 13 janvier
Première manip où on se retrouve que kéké et moi en cabane. Nous avons fouillé les terriers de pétrels a tête blanche pour identifier le second partenaire. Ils sont encore sur œuf à cette période. Ce pétrel est vraiment beau, très classe avec son plumage blanc gris et son petit cocard noir. La nuit, ils volent haut et on les entend beaucoup chanter, très aigu. Le jour ils sont silencieux, dans le fond de leur terrier, parfois inaccessible tellement ils sont profond. Certains crient lorsqu’on les sort du terrier, toujours très aigu, à la limite de l’insupportable. C’est le plus petit oiseau que l’on darvik [NdT: bague en plastique coloré et/ou portant un code visible] (bien chiante à poser ces darvik la d’ailleurs). Ca nous permet de faire le contrôle éclosion avec un « burrowscope » (caméra au bout d’un flexible) sans avoir a manipuler l’oiseau une nouvelle fois. Enfin, quand le burrowscope fonctionne…
Puis un petit passage sur des terriers de pétrels bleus qui était toujours sur œuf au moment du passage contrôle des éclosions fin décembre. Un poussin de pétrel bleu c’est une balle de tennis grise, toute duveteuse, qui sent très très fort le pétrel bleu avec 1 mini bec et des mini pattes. Tout mignon tout plein.
Pour finir, nous avons bagué les plus gros poussins de skuas durant cette dernière journée ensoleillée. Si les adultes de skuas n’aiment pas qu’on s’approche de leur nid lorsqu’ils couvent, inutile de dire qu’ils détestent que l’on attrape leur poussin presque volant pour le baguer et
le mesurer. Je me suis fait taper le crâne par un coup de bec, c’est pas super agréable. Les poussins par contre, c’est comme des skuas adultes mais sans muscle et pas trop agressif.
Et nous voila déjà de retour sur base avec un jour d’avance dû a une mésentente entre la log et nous. C’est pas trop grave, on a fait le boulot. Je repars pour Mayes du 17 au 24.
Tom
Puis un petit passage sur des terriers de pétrels bleus qui était toujours sur œuf au moment du passage contrôle des éclosions fin décembre. Un poussin de pétrel bleu c’est une balle de tennis grise, toute duveteuse, qui sent très très fort le pétrel bleu avec 1 mini bec et des mini pattes. Tout mignon tout plein.
Pour finir, nous avons bagué les plus gros poussins de skuas durant cette dernière journée ensoleillée. Si les adultes de skuas n’aiment pas qu’on s’approche de leur nid lorsqu’ils couvent, inutile de dire qu’ils détestent que l’on attrape leur poussin presque volant pour le baguer et
le mesurer. Je me suis fait taper le crâne par un coup de bec, c’est pas super agréable. Les poussins par contre, c’est comme des skuas adultes mais sans muscle et pas trop agressif.
Et nous voila déjà de retour sur base avec un jour d’avance dû a une mésentente entre la log et nous. C’est pas trop grave, on a fait le boulot. Je repars pour Mayes du 17 au 24.
Tom
dimanche 9 janvier 2011
Pointe Suzanne – 05 au 09 janvier 2011
Dès le lendemain de notre retour de Sourcils Noirs, nous voila déjà repartis direction Pointe Suzanne.
Les 17 km qui séparent PAF de pointe Suzanne se sont faits sous un soleil radieux et ciel bleu. J’ai fini le transit en tee shirt. En longeant la côte tout du long, le spectacle est permanent : à droite des grands espaces vallonnés couvert d’acenae, à gauche la baie norvégienne au début puis l’océan une fois la pointe Morne dépassée. Kéké et moi, nous arrêtons pour regarder un poussin de pétrel géant, les jeunes éléphants qui simulent des combats, on prélève des plumes sur un caneton d’Eaton, puis sur des cadavres de goéland dominicain, ensuite on observe de loin la colonie de grand albatros de Morne, l’autre côté de la baie, puis ceux qui sont du même côté que nous, les otaries, et puis bah on met 5 heures a faire le transit !!
Après les avoir tant regardés planer autour du Marion et brièvement observés les « vieux poussins » lors de l’escale a Crozet, c’est enfin l’occasion pour moi de pouvoir profiter des Grand Albatros adultes couvant sur les quelques nids que compte la péninsule du Prince de Galles. Ce piaf est énorme, complètement démesuré, immense et tellement magnifique.
Arrivé a la cabane de pointe Suzanne bas (la cabane de pointe Suzanne haut se situe a 1/2h de marche au sud, un peu plus haut) avec un accueil on ne peut plus chaleureux : Eric (chef sécu), Pascal (BCR), Nory et Jenifer (campagnard d’été pour Chizé – éléphants et otaries) attablés dehors au soleil autour d’un verre de ricard et d’une assiette de saucisson sec.
Côté environnement autour de la cabane : l’acenae laisse place à la cotula. Cette plante paraissant grasse et duveteuse fait le bonheur des otaries qui y trouve un matelas confortable pour y élever leur petit, appelé « pup ».
Pointe Suzanne bas, c’est le pays des otaries, « y’en a de partout » dirait notre popchat 61. Et si les animaux sont cool à Ker, se laissent approcher ou attraper, les otaries, elles, sont différentes. Si t’es trop près elle commence par grogner, qu’il s’agisse d’un pup de 5kg, d’une femelle de 25kg ou d’un mâle de 150 kg, mise à part les décibels, ce comportement se retrouve. Par contre, si tu continues de t’approcher, les pups finissent par fuir, mais les adultes eux, ils chargent ! La plupart du temps, c’est du bluff, mais il le joue bien et ne s’arrête qu’à 1 mètre, donc au début on a beau le savoir, on a quand meme du mal à rester zen, après on s’y fait. Et pour les mâles, bah bluff ou pas bluff si un s’avance vers nous on se barre direct. Suffit juste de voir la taille de ses canines, on dirait un gros chien, mais gros gros quand même. Et il est capable de courir super vite, donc on ne joue pas.
La cabane est parfaitement acceptée par les animaux : les manchots papous s’étalent tout autour, à quelques mètres. Les harems d’otaries sont très nombreux, c’est donc l’espèce dominante. Un harem c’est un gros mâle entouré de ses femelles (de 2 à plus de 10, pour ce que j’en ai vu en tout cas) et forcément les pups de ces dernières. Les éléphants flemmardent un peu partout, c’est la période de mue chez cette espèce.
Les pétrels géants, qui nichent quelques centaines de mètres plus haut, viennent souvent se repaitre d’un poussin de Papou ou d’un pup, faible, malade ou mal réveillé. Quelques skuas traînent par ci par la. Les colonies de Cormorans sont nombreuses, elles commencent presque a la cabane et s’étalent sur une bonne partie de la côte sud de la presqu’île du Prince de Galle.
Nous, on est d’ailleurs venus pour eux.
Nory (ornithoker 59) et Jenifer (stagiaire) bossent sur les otaries : suivi de la prise de poids des pups, pose de logger sur quelques femelles. Ils partiront ensuite pour les éléphants de Pointe Morne pour récupérer des balises posées il y a 3 mois et en poser d’autres qui seront a récupérer à partir de Juillet.
On a eu la chance de participer a des récups sur les femelles otaries et au suivi des pups. On a également pu « faire » quelques éléphants pour se mettre en jambes sur la capture et sur la piqure pour le prélèvement de sang.
Du côté de Cormorans, nous avons dénombré toutes les colonies, contrôlé les bagues de reproducteurs et posé des enregistreurs de plongée pour un voyage, les shifts durant environ 12 heures chez cette espèce (ca change des 10 jours des Albatros à Sourcils Noirs). Encore une fois, tout c’est super bien passé.
Il faut ajouter à cela une vue incroyable sur l’océan qui nous offrait un spectacle superbe avec de beaux rouleaux successifs dans lesquels jouent les otaries. Les trains de cormorans qui partent et reviennent, inlassablement. Un coup de jumelles et on voit que les prions sont souvent présents au large, quelques pétrels à menton blanc aussi. Puis des observations plus opportunistes avec 1 océanite sp. (wilson probable, nombreuses à cette saison) vu par la fenêtre pendant un repas et un Albatros a Sourcil noir, vu au loin. On a beau les avoir tripoté pendant 15 jours, je m’émerveille toujours autant de les voir en mer, peut être même plus encore maintenant…
Autre belle observation, et je remercie Nory et Jenifer de nous l’avoir montré, c’est un mâle d’otarie d’Amsterdam qui était sur la plage a quelques centaines de mètres de la cabane. Bien reconnaissable avec sa houppette à la tintin, son pelage bicolore et sa voix terriblement grave.
Cette courte manip de 4 jours s’est terminée par un barbecue à la cabane de Suzanne Haut ou était présent toute la log IPEV et l’infra (tous les corps de métier du bâtiment chargé de l’entretien de la base), soit une bonne vingtaine de personnes venus en tracteur. Retour en tracteur, en 2 mots : long et chiant. Plus développé : assis sur une grosse caisse bois dans la remorque, poussière dans les yeux, averses de neige successive et vent froid au programme, j’ai connu mieux.
Arrivée sur PAF vers 18h30, une douche, repas, un Get 27 à Totoch et départ pour Mayès le lendemain matin à 6 h 30… C’est le rythme campagne d’été. Mais c’est cà qu’est bon !
Tom
Les 17 km qui séparent PAF de pointe Suzanne se sont faits sous un soleil radieux et ciel bleu. J’ai fini le transit en tee shirt. En longeant la côte tout du long, le spectacle est permanent : à droite des grands espaces vallonnés couvert d’acenae, à gauche la baie norvégienne au début puis l’océan une fois la pointe Morne dépassée. Kéké et moi, nous arrêtons pour regarder un poussin de pétrel géant, les jeunes éléphants qui simulent des combats, on prélève des plumes sur un caneton d’Eaton, puis sur des cadavres de goéland dominicain, ensuite on observe de loin la colonie de grand albatros de Morne, l’autre côté de la baie, puis ceux qui sont du même côté que nous, les otaries, et puis bah on met 5 heures a faire le transit !!
Après les avoir tant regardés planer autour du Marion et brièvement observés les « vieux poussins » lors de l’escale a Crozet, c’est enfin l’occasion pour moi de pouvoir profiter des Grand Albatros adultes couvant sur les quelques nids que compte la péninsule du Prince de Galles. Ce piaf est énorme, complètement démesuré, immense et tellement magnifique.
Arrivé a la cabane de pointe Suzanne bas (la cabane de pointe Suzanne haut se situe a 1/2h de marche au sud, un peu plus haut) avec un accueil on ne peut plus chaleureux : Eric (chef sécu), Pascal (BCR), Nory et Jenifer (campagnard d’été pour Chizé – éléphants et otaries) attablés dehors au soleil autour d’un verre de ricard et d’une assiette de saucisson sec.
Côté environnement autour de la cabane : l’acenae laisse place à la cotula. Cette plante paraissant grasse et duveteuse fait le bonheur des otaries qui y trouve un matelas confortable pour y élever leur petit, appelé « pup ».
Pointe Suzanne bas, c’est le pays des otaries, « y’en a de partout » dirait notre popchat 61. Et si les animaux sont cool à Ker, se laissent approcher ou attraper, les otaries, elles, sont différentes. Si t’es trop près elle commence par grogner, qu’il s’agisse d’un pup de 5kg, d’une femelle de 25kg ou d’un mâle de 150 kg, mise à part les décibels, ce comportement se retrouve. Par contre, si tu continues de t’approcher, les pups finissent par fuir, mais les adultes eux, ils chargent ! La plupart du temps, c’est du bluff, mais il le joue bien et ne s’arrête qu’à 1 mètre, donc au début on a beau le savoir, on a quand meme du mal à rester zen, après on s’y fait. Et pour les mâles, bah bluff ou pas bluff si un s’avance vers nous on se barre direct. Suffit juste de voir la taille de ses canines, on dirait un gros chien, mais gros gros quand même. Et il est capable de courir super vite, donc on ne joue pas.
La cabane est parfaitement acceptée par les animaux : les manchots papous s’étalent tout autour, à quelques mètres. Les harems d’otaries sont très nombreux, c’est donc l’espèce dominante. Un harem c’est un gros mâle entouré de ses femelles (de 2 à plus de 10, pour ce que j’en ai vu en tout cas) et forcément les pups de ces dernières. Les éléphants flemmardent un peu partout, c’est la période de mue chez cette espèce.
Les pétrels géants, qui nichent quelques centaines de mètres plus haut, viennent souvent se repaitre d’un poussin de Papou ou d’un pup, faible, malade ou mal réveillé. Quelques skuas traînent par ci par la. Les colonies de Cormorans sont nombreuses, elles commencent presque a la cabane et s’étalent sur une bonne partie de la côte sud de la presqu’île du Prince de Galle.
Nous, on est d’ailleurs venus pour eux.
Nory (ornithoker 59) et Jenifer (stagiaire) bossent sur les otaries : suivi de la prise de poids des pups, pose de logger sur quelques femelles. Ils partiront ensuite pour les éléphants de Pointe Morne pour récupérer des balises posées il y a 3 mois et en poser d’autres qui seront a récupérer à partir de Juillet.
On a eu la chance de participer a des récups sur les femelles otaries et au suivi des pups. On a également pu « faire » quelques éléphants pour se mettre en jambes sur la capture et sur la piqure pour le prélèvement de sang.
Du côté de Cormorans, nous avons dénombré toutes les colonies, contrôlé les bagues de reproducteurs et posé des enregistreurs de plongée pour un voyage, les shifts durant environ 12 heures chez cette espèce (ca change des 10 jours des Albatros à Sourcils Noirs). Encore une fois, tout c’est super bien passé.
Il faut ajouter à cela une vue incroyable sur l’océan qui nous offrait un spectacle superbe avec de beaux rouleaux successifs dans lesquels jouent les otaries. Les trains de cormorans qui partent et reviennent, inlassablement. Un coup de jumelles et on voit que les prions sont souvent présents au large, quelques pétrels à menton blanc aussi. Puis des observations plus opportunistes avec 1 océanite sp. (wilson probable, nombreuses à cette saison) vu par la fenêtre pendant un repas et un Albatros a Sourcil noir, vu au loin. On a beau les avoir tripoté pendant 15 jours, je m’émerveille toujours autant de les voir en mer, peut être même plus encore maintenant…
Autre belle observation, et je remercie Nory et Jenifer de nous l’avoir montré, c’est un mâle d’otarie d’Amsterdam qui était sur la plage a quelques centaines de mètres de la cabane. Bien reconnaissable avec sa houppette à la tintin, son pelage bicolore et sa voix terriblement grave.
Cette courte manip de 4 jours s’est terminée par un barbecue à la cabane de Suzanne Haut ou était présent toute la log IPEV et l’infra (tous les corps de métier du bâtiment chargé de l’entretien de la base), soit une bonne vingtaine de personnes venus en tracteur. Retour en tracteur, en 2 mots : long et chiant. Plus développé : assis sur une grosse caisse bois dans la remorque, poussière dans les yeux, averses de neige successive et vent froid au programme, j’ai connu mieux.
Arrivée sur PAF vers 18h30, une douche, repas, un Get 27 à Totoch et départ pour Mayès le lendemain matin à 6 h 30… C’est le rythme campagne d’été. Mais c’est cà qu’est bon !
Tom
mercredi 5 janvier 2011
Sourcils Noirs
Hey,
Les soirées sur base sont rares donc généralement longues, j'ai pas pu vous écrire hier soir donc. Allons-y pour tenter en quelques lignes de vous expliquer ce que j'ai vécu a SN.
Le 17 décembre, OP4 à peine terminé puisque le Marion est parti le lendemain, on embarque sur l'Aventure II (le chaland) direction le Halage, lieu de la dépose lorsqu'on se rend à Sourcils Noirs. A son bord avec nous, les popchats qui descendent à Port Jeanne d'Arc, les Ethotaaf à Verte, les Ecobio à Australia, je crois que c'était tout.
4h après le départ de PAF et une dépose à Verte au passage, nous sommes arrivés au Halage des Naufragés : Pierrick, Dédé météo et moi. Chargés comme des fous avec les fringues, les bouteilles, la bouffe, on attaque les 3h30 de marche qui nous séparent de la cabane, en commençant par une petite grimpette bien violente de quelques centaines de mètres de dénivelé, puis une pente douce vers la cabane au travers du Plateau des Hurlevents. L'émotion de me rendre à Sourcil Noir est forte, et cette progression lente à pied met beaucoup de piment. On aperçoit d'abord un filet d'eau dans un talweg du plateau, c'est le début de la rivière Albéric, qui passe à 5 mètres de la cabane, c'est là qu'on se rend compte que la cassure qu'on voit sur la côte, c'est bien le Cañon des Sourcils Noirs. On aperçoit aussi le hauts des falaises de la Baie de l'A-pic sur la droite, les plus hautes falaises de Kerguelen, mais on y reviendra plus tard.
Quelques pas plus tard, Pierrick nous dit "on descend au droit dans le cañon, la cabane est là". Bien planquée dans le fond du cañon, on ne la voit qu'en arrivant dessus, à quelques dizaines de mètres : la cabane de Sourcils Noirs. Une des vitrines de l'IPEV : petit chalet en bois, entrée, salle commune, 2 chambres + mezzanine (7 couchages en tout), anciennement l'eau courante, malheureusement pas fonctionnel pour problème de maintenance. Enclavée dans la roche rouge volcanique, à la confluence de 2 petites rivières et surveillée de haut par les Albatros fuligineux à dos clair et les très nombreux Pétrels à menton blanc qui nichent sur le versant qui fait face, la cabane a vraiment de la gueule. L'Acaena recouvre tout le cañon d'un épais manteau, malgré les lapins.
Le lendemain, on rentre dans le vif du sujet : on monte à la colonie. On m'avait dit "Sourcils Noirs, ça se mérite", après notre balade de 3h30, je me suis dis bof oui en effet, on est pas déposé à 100 mètres de la cabane comme à Mayes, mais bon c'est pas non plus du mérite de marcher quelques heures. C'était sans compter sur le chemin pour se rendre à la colonie... D'entrée de jeu, il faut grimper plus de 200 mètres de dénivelé dans un chemin au début correct, au bout de 15 jours pourri, boueux et glissant. Le premier jour, j'en ai vraiment chié. Au final on s'y fait, en 18 jours je suis allé à la colonie 18 fois, je le connaissais mieux le chemin !
Arrivée en haut, la première chose qui me frappe, c'est la vue de l'océan, depuis que je suis ici je vois le Golfe, mais là j'ai devant moi l'immensité bleu de l'Océan Indien au 49°70 de latitude sud. La colonie d'albatros se situe en réalité juste à coté du cañon, et non pas dans le cañon. On avance sur ce plateau, s'approchant du bord. La pression montait vraiment en moi. Tout est silencieux sur le haut et d'un seul coup, on arrive au dessus de la colonie.... Comme ce matin du 18 décembre, les mots me manquent pour exprimer mon ressenti : des centaines d'Albatros à Sourcils Noirs sont là une centaine de mètres plus bas, perdus dans une foule innombrable de Gourfous macaronis, nicheurs eux aussi, et devant nous les Albatros fulignineux à dos clair, qui nichent sur les corniche plus haut, planent aux cotés des superbes et beaucoup plus rares fuligineux à dos sombre, nicheurs discrets dans le haut des corniches eux aussi.
Une fois mes fonctions vitales de nouveau fonctionnelles, on attaque la descente, le cri incessant des maca se fait de plus en plus fort, l'odeur typique de ces colonies commencent à se faire sentir aussi (bon en fait, ça sent la merde, mais la merde de sourcils noirs ! ;-)
Arrivée sur la colonie. On s'assoit. On regarde. On se pince pour se réveiller. On hallucine. Le ballet des sourcils noirs est permanent. On est à quelques dizaines de mètres, et rien ne semble déranger la vie de la colonie. La plupart des Albatros à sourcils noirs sont sur œuf, une grosse majorité a éclos le temps que nous y étions. Il en est de même pour les maca.
Ouverte au Sud est, la colonie est parfaitement abrité des vents dominants de Nord Ouest, devant nous l'Océan Indien a perte de vue. Quelques radeaux (rassemblements d'oiseaux posés en surface) de sourcils noirs se trouvent au large, plus au moins nombreux selon les jours. La colonie est située sur une pente assez raide, très peu stable. Entre les zones de Cotula plumosa très glissantes, les eaux qui ruissellent, les roche nu, les déplacements au sein de la colonie sont délicats. Ce qui est marquant aussi, c'est la végétation préservée de se site : des par terres de Cotula alternant avec des Poa cooki. Les roches volcaniques rouges et friables forment des barres rocheuses dans la colonies. Sur les hauteurs, où niche les fuli, on retrouve des Azorelles, des Choux qui sont pendus à leur racine. Bref, pas une seule faute de gout pour ce site merveilleux.
Les premiers pas au sein de la colonie sont très impressionnants, à 20 cm à droite un sourcil noir sur son œuf, un autre 1 mètre à gauche, à 2cm devant derrière à droite à gauche au dessus au dessous des maca, des maca partout partout qui te mordent la botte si t'es trop près mais ils sont tellement nombreux qu'on est toujours trop près. Trop près = moins de 10-15 cm. Tout ces oiseaux sont sur œufs, sur le point d'éclore, certains sont stressés, d'autres cool. Il faut avoir les yeux partout. Un autre habitant de ce cañon a les yeux partout : le skua. Ils passent leur journée à survoler les colonies et la vue d'un œuf ou d'un poussin les rend tellement fous qu'il ressortent souvent vainqueur. Malin le skua, qui te survolent à 2 mètres au dessus de toi, il voit bien que tu perturbe un peu ce petit monde, si un maca a le malheur de s'écarter de 5 cm de son œuf, en une fraction de seconde le skua sera parti avec. Le stress est donc permanent. De fait, quand tu rentres dans la colonie, tu rentres dans une bulle, plus rien ne compte, qu'importe l'heure, l'appétit, la fatigue, tu ne penses plus à rien d'autre. Curieuse sensation d'ailleurs, lorsque l'on sort, paf d'un seul coup t'as soif, envie de pisser, faim et mal au jambes !
Les manips se sont bien passé, on a équipé plusieurs oiseaux de GPS pour un voyage en mer, on a récupéré des GLS posés il y a 1 an et reposé d'autres. Puis pour les fuli et les sourcils noirs, on a identifié tous les partenaires de tous les nids (322 nids suivis au total pour les SN) et notés le stade de la repro (œuf ou poussin, ou rien).
C'est vraiment impressionnant de travailler sur ces oiseaux là, ils sont énormes, et pour une partie d'entre eux, plus vieux que moi. Et si une mésange bleue mord fort, le sourcil noir il te défonce la main mais d'une force ! Heureusement, ce sont des oiseaux cool, peu d'entre eux mordent aussi fort que possible et heureusement puisque malgré les gants de cuir, ça n'empêche pas les saignements des doigts... Quand je dis qu'ils sont cool, c'est vraiment cool. Tu les bagues métal, tu enlèves les vieilles Darvik tu mets des nouvelles, sans les tenir. Mieux encore, on retirait les GPS sans les tenir non plus, la manip nécessite pourtant de couper le scotch avec un cutter et retirer les bouts de scotch des plumes.
Les fuli dos clair, c'est aussi quelques chose d'extraordinaires. ces oiseaux ne nichent pas en colonie mais sont éparpillés partout dans le cañon, on se déplace comme on peut sur des versants un peu casse-gueule, nombreux nids sont inaccessibles, car il serait bien trop dangereux de s'y rendre. Les oiseaux sont magnifiques et l'emplacement de leur nid offre la plupart du temps un panorama superbe sur l'océan et/ou le cañon.
Puis le soir on se posait souvent, fatigués de la journée de stress permanent, on laisse retomber la pression, et on regarde le ballet de sourcils noirs qui se met en place ; telle une nuée de moustique les albatros tournent et virent devant nous, nous frôlent de leurs ailes. C'est le moment des shifts, on attendaient que le shift se fassent puis on attrapait l'oiseau avant qu'il parte en mer pour se nourrir une fois son partenaire sur le nid.
En bas de la colonie, nous avions la compagnie d'un albatros à tête grise, splendide ! Quelques gorfous sauteurs trainent dans les maca du bord de l'eau, des otaries jouent parfois dans les grand laminaires. Au large, les Pétrels à mentons blancs et les Albatros fuli à dos clair planent au dessus des radeaux de sourcils noirs. Parfois des prions passaient et le dernier jour fut l'occasion de voir un beau mouvement d'Océanite de Wilson et mon tant désiré Grand Albatros dont j'ai cherché la présence durant 18 jours.
Le soir du réveillon de noël se passa à 3 sans se laisser abattre pour autant : champagne (Denis Chaput, Arrentières) fois gras en apéro, puis ce fut un Lalande de Pomerol 2003 qui accompagna le gigot d'agneau. Le lendemain, jour de noël, une averse de neige a blanchi tous les reliefs au dessus de 100 mètres d'altitude. C'était la première fois que je vois Ker tout blanc. Noël oblige ce fut aussi l'occasion de boire un Première Côtes de Blaye, merci Papa, excellent !
Nous nous sommes rendus à la baie de l'A-pic le 27, pour montrer à Dédé, qui partait le lendemain.
A 45 minutes de la cabane, on remonte la rivière, on prend à gauche dans un talweg juste avant les grottes et là, re-grosse claque : 490 mètres de falaise verticales. Les plus hautes de Ker. Un vent à coucher des peupions, parfois impossible de rester debout, le vent fait un bruit improbable dans les trous et pointe rocheuses, ça claque ça fouette, quand tu crois qu'il est fort, tu te prend une rafale qui te rend la respiration difficile. Dans le bas, une gorfoutière géante appelée "Macapic", mélange de A-pic et macaroni. Plus tard, nous sommes allés faire des photos pour un comptage des gorfous, comme chaque année.
Nous sommes rentrés par Cap Georges et la côte sud, quasiment les terres les plus au sud de Ker, à quelques miles devant nous le 50ème hurlants, et à quelques milliers de kilomètres : l'Antarctique. Comment voulez-vous cesser de rêver dans ce pays incroyable ! Le paysage est minérale, balayé par les puissants vent de nord-ouest en permanence ou presque. Au loin, on aperçoit l'entrée de la baie de l'Antarctique, j'espère pouvoir m'y rendre à mon prochain séjour à SN en mars et derrière, les superbe Falaises des Pétrels noirs (ou il y pas de Pétrels noirs, Chizé a prospecté).
On arrive sur la colonie par le sud, malgré que ça fasse 10 jours qu'on y est, on a toujours ce frisson à la vue de la colo, les fuli nichent là, à quelques mètres de nous, hors de notre démo (notre zone de travail), ceux là sont tranquilles. J'ai pu observer mon premier chat de ker aussi, mais bon c'est pas l'observation qui m'a fait le plus rêver. On passe doucement du paysage minérale à la verdure avec quelques Azorelles puis les premières Acaena et bim le cañon tout verdoyant, magique !
Le 28, on ramène Dédé au Halage, 3h30 de marche, on accueille les 2 autres ornithos et les 2 popchats et on rentre à la cabane via la colonie pour récupérer des GPS. 8h de marche, j'étais usé, mais le détour valait la peine : 4 GPS sur 5 qui nous restaient on été récupérés.
Premier de l'an traditionnel entre ornithos et popchats, encore du champagne, encore du bon pinard, des terrines maisons, du foie gras, du civet de sanglier, du bon wisky (Talisker 10 ans d'age pour les connaisseurs, Camille si tu as lu jusque là, c'est à toi que je pense). On finit les contrôles partenaires tant bien que mal malgré une météo capricieuse sur la fin du séjour, dépression sur dépression, c'était impressionnant.
Puis déjà le temps de rentrer, dernier jour sur la colo pour le fun, le travail était fini, on a juste profité, regardé. Des au-revoirs pour certains, des adieux pour d'autres : Léo popochat et Pierrick partent à OP0 le 10 février.
Sur le chaland, nous sommes accompagnés par les fidèles Dauphins de Commerson dans le Halage, puis nous avons observé d'autres Wilson, qui confirment un mouvement de cette espèce à cette période.
Voila, j'espère avoir réussi a vous faire partager un peu ce que je vis ici, de mon coté je vais préparer mes affaires et on part à Pointe Suzanne après manger pour une manip sur les cormorans. Pardon de ne pas répondre à tous vos mails mais mon programme chargé ne me permet pas de passer trop de temps sur l'ordi. Je les lis tous et prend beaucoup de plaisir à avoir de vos nouvelles, que vous soyez famille, amis ou inconnus, merci pour vos messages.
Bonne année à tous et à bientôt,
Tom
Les soirées sur base sont rares donc généralement longues, j'ai pas pu vous écrire hier soir donc. Allons-y pour tenter en quelques lignes de vous expliquer ce que j'ai vécu a SN.
Le 17 décembre, OP4 à peine terminé puisque le Marion est parti le lendemain, on embarque sur l'Aventure II (le chaland) direction le Halage, lieu de la dépose lorsqu'on se rend à Sourcils Noirs. A son bord avec nous, les popchats qui descendent à Port Jeanne d'Arc, les Ethotaaf à Verte, les Ecobio à Australia, je crois que c'était tout.
4h après le départ de PAF et une dépose à Verte au passage, nous sommes arrivés au Halage des Naufragés : Pierrick, Dédé météo et moi. Chargés comme des fous avec les fringues, les bouteilles, la bouffe, on attaque les 3h30 de marche qui nous séparent de la cabane, en commençant par une petite grimpette bien violente de quelques centaines de mètres de dénivelé, puis une pente douce vers la cabane au travers du Plateau des Hurlevents. L'émotion de me rendre à Sourcil Noir est forte, et cette progression lente à pied met beaucoup de piment. On aperçoit d'abord un filet d'eau dans un talweg du plateau, c'est le début de la rivière Albéric, qui passe à 5 mètres de la cabane, c'est là qu'on se rend compte que la cassure qu'on voit sur la côte, c'est bien le Cañon des Sourcils Noirs. On aperçoit aussi le hauts des falaises de la Baie de l'A-pic sur la droite, les plus hautes falaises de Kerguelen, mais on y reviendra plus tard.
Quelques pas plus tard, Pierrick nous dit "on descend au droit dans le cañon, la cabane est là". Bien planquée dans le fond du cañon, on ne la voit qu'en arrivant dessus, à quelques dizaines de mètres : la cabane de Sourcils Noirs. Une des vitrines de l'IPEV : petit chalet en bois, entrée, salle commune, 2 chambres + mezzanine (7 couchages en tout), anciennement l'eau courante, malheureusement pas fonctionnel pour problème de maintenance. Enclavée dans la roche rouge volcanique, à la confluence de 2 petites rivières et surveillée de haut par les Albatros fuligineux à dos clair et les très nombreux Pétrels à menton blanc qui nichent sur le versant qui fait face, la cabane a vraiment de la gueule. L'Acaena recouvre tout le cañon d'un épais manteau, malgré les lapins.
Le lendemain, on rentre dans le vif du sujet : on monte à la colonie. On m'avait dit "Sourcils Noirs, ça se mérite", après notre balade de 3h30, je me suis dis bof oui en effet, on est pas déposé à 100 mètres de la cabane comme à Mayes, mais bon c'est pas non plus du mérite de marcher quelques heures. C'était sans compter sur le chemin pour se rendre à la colonie... D'entrée de jeu, il faut grimper plus de 200 mètres de dénivelé dans un chemin au début correct, au bout de 15 jours pourri, boueux et glissant. Le premier jour, j'en ai vraiment chié. Au final on s'y fait, en 18 jours je suis allé à la colonie 18 fois, je le connaissais mieux le chemin !
Arrivée en haut, la première chose qui me frappe, c'est la vue de l'océan, depuis que je suis ici je vois le Golfe, mais là j'ai devant moi l'immensité bleu de l'Océan Indien au 49°70 de latitude sud. La colonie d'albatros se situe en réalité juste à coté du cañon, et non pas dans le cañon. On avance sur ce plateau, s'approchant du bord. La pression montait vraiment en moi. Tout est silencieux sur le haut et d'un seul coup, on arrive au dessus de la colonie.... Comme ce matin du 18 décembre, les mots me manquent pour exprimer mon ressenti : des centaines d'Albatros à Sourcils Noirs sont là une centaine de mètres plus bas, perdus dans une foule innombrable de Gourfous macaronis, nicheurs eux aussi, et devant nous les Albatros fulignineux à dos clair, qui nichent sur les corniche plus haut, planent aux cotés des superbes et beaucoup plus rares fuligineux à dos sombre, nicheurs discrets dans le haut des corniches eux aussi.
Une fois mes fonctions vitales de nouveau fonctionnelles, on attaque la descente, le cri incessant des maca se fait de plus en plus fort, l'odeur typique de ces colonies commencent à se faire sentir aussi (bon en fait, ça sent la merde, mais la merde de sourcils noirs ! ;-)
Arrivée sur la colonie. On s'assoit. On regarde. On se pince pour se réveiller. On hallucine. Le ballet des sourcils noirs est permanent. On est à quelques dizaines de mètres, et rien ne semble déranger la vie de la colonie. La plupart des Albatros à sourcils noirs sont sur œuf, une grosse majorité a éclos le temps que nous y étions. Il en est de même pour les maca.
Ouverte au Sud est, la colonie est parfaitement abrité des vents dominants de Nord Ouest, devant nous l'Océan Indien a perte de vue. Quelques radeaux (rassemblements d'oiseaux posés en surface) de sourcils noirs se trouvent au large, plus au moins nombreux selon les jours. La colonie est située sur une pente assez raide, très peu stable. Entre les zones de Cotula plumosa très glissantes, les eaux qui ruissellent, les roche nu, les déplacements au sein de la colonie sont délicats. Ce qui est marquant aussi, c'est la végétation préservée de se site : des par terres de Cotula alternant avec des Poa cooki. Les roches volcaniques rouges et friables forment des barres rocheuses dans la colonies. Sur les hauteurs, où niche les fuli, on retrouve des Azorelles, des Choux qui sont pendus à leur racine. Bref, pas une seule faute de gout pour ce site merveilleux.
Les premiers pas au sein de la colonie sont très impressionnants, à 20 cm à droite un sourcil noir sur son œuf, un autre 1 mètre à gauche, à 2cm devant derrière à droite à gauche au dessus au dessous des maca, des maca partout partout qui te mordent la botte si t'es trop près mais ils sont tellement nombreux qu'on est toujours trop près. Trop près = moins de 10-15 cm. Tout ces oiseaux sont sur œufs, sur le point d'éclore, certains sont stressés, d'autres cool. Il faut avoir les yeux partout. Un autre habitant de ce cañon a les yeux partout : le skua. Ils passent leur journée à survoler les colonies et la vue d'un œuf ou d'un poussin les rend tellement fous qu'il ressortent souvent vainqueur. Malin le skua, qui te survolent à 2 mètres au dessus de toi, il voit bien que tu perturbe un peu ce petit monde, si un maca a le malheur de s'écarter de 5 cm de son œuf, en une fraction de seconde le skua sera parti avec. Le stress est donc permanent. De fait, quand tu rentres dans la colonie, tu rentres dans une bulle, plus rien ne compte, qu'importe l'heure, l'appétit, la fatigue, tu ne penses plus à rien d'autre. Curieuse sensation d'ailleurs, lorsque l'on sort, paf d'un seul coup t'as soif, envie de pisser, faim et mal au jambes !
Les manips se sont bien passé, on a équipé plusieurs oiseaux de GPS pour un voyage en mer, on a récupéré des GLS posés il y a 1 an et reposé d'autres. Puis pour les fuli et les sourcils noirs, on a identifié tous les partenaires de tous les nids (322 nids suivis au total pour les SN) et notés le stade de la repro (œuf ou poussin, ou rien).
C'est vraiment impressionnant de travailler sur ces oiseaux là, ils sont énormes, et pour une partie d'entre eux, plus vieux que moi. Et si une mésange bleue mord fort, le sourcil noir il te défonce la main mais d'une force ! Heureusement, ce sont des oiseaux cool, peu d'entre eux mordent aussi fort que possible et heureusement puisque malgré les gants de cuir, ça n'empêche pas les saignements des doigts... Quand je dis qu'ils sont cool, c'est vraiment cool. Tu les bagues métal, tu enlèves les vieilles Darvik tu mets des nouvelles, sans les tenir. Mieux encore, on retirait les GPS sans les tenir non plus, la manip nécessite pourtant de couper le scotch avec un cutter et retirer les bouts de scotch des plumes.
Les fuli dos clair, c'est aussi quelques chose d'extraordinaires. ces oiseaux ne nichent pas en colonie mais sont éparpillés partout dans le cañon, on se déplace comme on peut sur des versants un peu casse-gueule, nombreux nids sont inaccessibles, car il serait bien trop dangereux de s'y rendre. Les oiseaux sont magnifiques et l'emplacement de leur nid offre la plupart du temps un panorama superbe sur l'océan et/ou le cañon.
Puis le soir on se posait souvent, fatigués de la journée de stress permanent, on laisse retomber la pression, et on regarde le ballet de sourcils noirs qui se met en place ; telle une nuée de moustique les albatros tournent et virent devant nous, nous frôlent de leurs ailes. C'est le moment des shifts, on attendaient que le shift se fassent puis on attrapait l'oiseau avant qu'il parte en mer pour se nourrir une fois son partenaire sur le nid.
En bas de la colonie, nous avions la compagnie d'un albatros à tête grise, splendide ! Quelques gorfous sauteurs trainent dans les maca du bord de l'eau, des otaries jouent parfois dans les grand laminaires. Au large, les Pétrels à mentons blancs et les Albatros fuli à dos clair planent au dessus des radeaux de sourcils noirs. Parfois des prions passaient et le dernier jour fut l'occasion de voir un beau mouvement d'Océanite de Wilson et mon tant désiré Grand Albatros dont j'ai cherché la présence durant 18 jours.
Le soir du réveillon de noël se passa à 3 sans se laisser abattre pour autant : champagne (Denis Chaput, Arrentières) fois gras en apéro, puis ce fut un Lalande de Pomerol 2003 qui accompagna le gigot d'agneau. Le lendemain, jour de noël, une averse de neige a blanchi tous les reliefs au dessus de 100 mètres d'altitude. C'était la première fois que je vois Ker tout blanc. Noël oblige ce fut aussi l'occasion de boire un Première Côtes de Blaye, merci Papa, excellent !
Nous nous sommes rendus à la baie de l'A-pic le 27, pour montrer à Dédé, qui partait le lendemain.
A 45 minutes de la cabane, on remonte la rivière, on prend à gauche dans un talweg juste avant les grottes et là, re-grosse claque : 490 mètres de falaise verticales. Les plus hautes de Ker. Un vent à coucher des peupions, parfois impossible de rester debout, le vent fait un bruit improbable dans les trous et pointe rocheuses, ça claque ça fouette, quand tu crois qu'il est fort, tu te prend une rafale qui te rend la respiration difficile. Dans le bas, une gorfoutière géante appelée "Macapic", mélange de A-pic et macaroni. Plus tard, nous sommes allés faire des photos pour un comptage des gorfous, comme chaque année.
Nous sommes rentrés par Cap Georges et la côte sud, quasiment les terres les plus au sud de Ker, à quelques miles devant nous le 50ème hurlants, et à quelques milliers de kilomètres : l'Antarctique. Comment voulez-vous cesser de rêver dans ce pays incroyable ! Le paysage est minérale, balayé par les puissants vent de nord-ouest en permanence ou presque. Au loin, on aperçoit l'entrée de la baie de l'Antarctique, j'espère pouvoir m'y rendre à mon prochain séjour à SN en mars et derrière, les superbe Falaises des Pétrels noirs (ou il y pas de Pétrels noirs, Chizé a prospecté).
On arrive sur la colonie par le sud, malgré que ça fasse 10 jours qu'on y est, on a toujours ce frisson à la vue de la colo, les fuli nichent là, à quelques mètres de nous, hors de notre démo (notre zone de travail), ceux là sont tranquilles. J'ai pu observer mon premier chat de ker aussi, mais bon c'est pas l'observation qui m'a fait le plus rêver. On passe doucement du paysage minérale à la verdure avec quelques Azorelles puis les premières Acaena et bim le cañon tout verdoyant, magique !
Le 28, on ramène Dédé au Halage, 3h30 de marche, on accueille les 2 autres ornithos et les 2 popchats et on rentre à la cabane via la colonie pour récupérer des GPS. 8h de marche, j'étais usé, mais le détour valait la peine : 4 GPS sur 5 qui nous restaient on été récupérés.
Premier de l'an traditionnel entre ornithos et popchats, encore du champagne, encore du bon pinard, des terrines maisons, du foie gras, du civet de sanglier, du bon wisky (Talisker 10 ans d'age pour les connaisseurs, Camille si tu as lu jusque là, c'est à toi que je pense). On finit les contrôles partenaires tant bien que mal malgré une météo capricieuse sur la fin du séjour, dépression sur dépression, c'était impressionnant.
Puis déjà le temps de rentrer, dernier jour sur la colo pour le fun, le travail était fini, on a juste profité, regardé. Des au-revoirs pour certains, des adieux pour d'autres : Léo popochat et Pierrick partent à OP0 le 10 février.
Sur le chaland, nous sommes accompagnés par les fidèles Dauphins de Commerson dans le Halage, puis nous avons observé d'autres Wilson, qui confirment un mouvement de cette espèce à cette période.
Voila, j'espère avoir réussi a vous faire partager un peu ce que je vis ici, de mon coté je vais préparer mes affaires et on part à Pointe Suzanne après manger pour une manip sur les cormorans. Pardon de ne pas répondre à tous vos mails mais mon programme chargé ne me permet pas de passer trop de temps sur l'ordi. Je les lis tous et prend beaucoup de plaisir à avoir de vos nouvelles, que vous soyez famille, amis ou inconnus, merci pour vos messages.
Bonne année à tous et à bientôt,
Tom
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